Mathilde Munos est l’antipode de Claire Chazal. À la » matinale » de France Info, Jean-François Copé, indisposé par ses questions, est allé jusqu’à insinuer que la journaliste avait une sensibilité de gauche.
Un(e) journaliste opiniâtre, ce devrait être un pléonasme. Mercredi 5 octobre 2011, dans un entretien sur France Info, Jean-François Copé a fait face à une journaliste au caractère bien trempé, Mathilde Munos. Sous un feu nourri de questions pertinentes, ce politique de droite nous apprend que chercher à s’informer sur les affaires qui secouent la République procède nécessairement d’une inclination pour la gauche.
Copé écope
La faillite de la banque Dexia est le premier sujet abordé par la journaliste de France Info. Dexia, la banque qui a tout raté… sauf les stress tests titrait avec humour un article de L’Expansion du mardi 4 octobre 2011. » Ces tests censés éprouver les assises d’une banque ne sont certes pas infaillibles « , vous dirait un adepte de la langue de bois ; la journaliste de France Info, quant à elle, choisit de titiller son interlocuteur en mettant les pieds dans le plat : » Ces tests, donc, ne servent à rien « . Oh ! Que nenni ! » Il ne faut pas généraliser » etc. L’effrontée insiste : » […] Baroin, ministre de l’Économie […] Pécresse, ministre du Budget, nous ont répété que ça montrait que les banques étaient solides… » Monsieur Copé, d’ordinaire si prompt à arborer un sourire enjôleur, sollicite de plus en plus malaisément ses zygomatiques à mesure que les questions se précisent.
La journaliste enchaîne en soulignant les relations amicales de Jean-François Copé avec un acteur au rôle prépondérant de l’affaire Karachi, Ziad Takieddine. Cet intermédiaire douteux dans cette sombre histoire de vente de sous-marins français au Pakistan n’a jamais versé un denier dans les caisses de l’État, malgré une fortune de 40 millions d’euros. Jean-François Copé, ancien ministre du Budget, l’a déjà dit à » Question d’Info » sur La Chaîne Parlementaire : » Je n’ai jamais eu à connaître sa situation fiscale, je n’en ai jamais été informé « (émission publiée le 29 septembre 2011). Devant l’insistance de Mathilde Munos, il réitère son propos exactement dans les mêmes termes. En bref, il n’explique rien, puisqu’il ne sait rien.
Enfin, il est question de l’affaire d’espionnage de la compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler : selon L’Express, » la journaliste Valérie Trierweiler aurait fait début 2011 l’objet d’une investigation sur son passé et son entourage par la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris « . Ce qui donne à Jean-François Copé l’occasion d’endosser la livrée du serviteur de l’État offensé. Comment peut-on mettre en doute la probité des dirigeants de ce pays ? Implicitement, les médias souilleraient leur réputation.
Le premier magistrat de la commune de Meaux stigmatise la bassesse des journalistes qui n’hésitent pas à entacher d’infamie les représentants du peuple. N’étant pas à un paradoxe près, il conjecture quelque malhonnêteté intellectuelle chez son adversaire politique : « Hollande trouve là un moyen de victimisation très professionnel ».
Copé pas copain
Selon La Société des Journalistes de Radio France, » A la fin de l’interview, c’est un Jean-François Copé très énervé qui est sorti du studio, se plaignant au directeur de France Info, puis, via un collaborateur, par téléphone. «
À maintes reprises, le secrétaire général de l’UMP a mis en doute l’objectivité de la journaliste en supposant son appartenance de gauche : » on a chacun son engagement et je respecte tout à fait le vôtre « , » Quel que soit le vote qui sera le vôtre dans quelques mois, et c’est votre droit le plus strict ! « , » si c’était votre bord qui était au pouvoir, vous ne diriez pas ça « . Toutefois, son respect de l’engagement supposé de Mathilde Munos ne le dissuade pas d’exposer ses griefs auprès de la direction de France Info.
La Société des Journalistes de Radio France, dans un communiqué, a été dithyrambique à l’égard de Mathilde Munos : elle » a été exemplaire durant cette interview, et pas plus incisive qu’avec François Hollande, deux jours avant. Accrocheuse, mais calme et courtoise, malgré vos insinuations (les auteurs s’adressent à Monsieur Copé), elle a fait honneur à notre profession « .
Avant de s’entretenir avec un politique, un vrai journaliste, qu’il soit de droite ou de gauche, laisse sa dépouille de militant éventuel au vestiaire. Mathilde Munos est une journaliste professionnelle qui respecte ses auditeurs. Si Jean-François Copé cherche une tribune pour distiller ses idées sans encombre, qu’il se rende au journal de Jean-Pierre Pernaut ou de Claire Chazal.
La vidéo de la « matinale » de France Info avec Jean-François Copé
Sources : Le Nouvel Observateur, L’Expansion, L’Express, LCP, La SdJ de Radio France.
Cet article a été publié en première page du Post le 7 octobre 2011.