
La question épineuse de l’évaluation des universitaires revient régulièrement sur le tapis. (Crédit photo : Camille Stromboni / Flickr)
Dans son rapport » Refonder l’université, dynamiser la recherche « (remis au Premier ministre le 14 janvier), Jean‑Yves Le Déaut, député socialiste de Meurthe‑et‑Moselle, reprend l’antienne de l’évaluation des professeurs d’université et propose que les étudiants aient leur mot à dire.
L’idée n’est pas nouvelle : on l’a vu poindre dans la réforme Bayrou, en 1997, et réapparaître dans la loi Pécresse (loi LRU), en 2007. Pour ses promoteurs, il s’agit d’inciter les détenteurs du savoir à de meilleures pratiques pédagogiques.
Une proposition pour le moins contestable
L’évaluation de l’enseignement des professeurs par les étudiants favoriserait‑elle les enseignants les plus démagogues ? Les enseignants en quête de popularité, pour complaire à leurs étudiants, biaiseraient‑ils avec l’équité ?
Chacun peut deviner les effets pernicieux de ce système d’évaluation. Au surplus, pourquoi accorder à des étudiants encore jeunes, parfois immatures, le pouvoir de jauger leurs aînés, voire de contester leur légitimité académique ?
Sans nécessairement mettre le professeur d’université sur un piédestal, il n’est pas souhaitable de lui faire perdre son autorité. Le professeur noterait‑il en toute impartialité l’élève qui a le pouvoir de l’évaluer ?
Une question épineuse
Soit, dans les pays anglo-saxons, ce système est déjà en place : quand les étudiants payent leurs études, ne les considère-t-on pas comme des clients à satisfaire ? Soit, dans certaines de nos grandes écoles (Sciences Po Paris, HEC, ESSEC…), l’on s’est volontiers inspiré des pays précités. Mais en France, la majorité des universitaires sont plutôt rétifs à l’idée d’être évalués par les étudiants.
Force est de reconnaître que certains enseignants-chercheurs sont assez peu pédagogues et que d’autres se préoccupent plus de leurs recherches que de la réussite de leurs élèves. Essentiellement appréciés sur leurs travaux de recherche, rien ne les incite à améliorer la qualité de leur enseignement, aussi la question épineuse de l’évaluation des universitaires revient-elle régulièrement sur le tapis.
De toute façon, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche n’imposera pas cette mesure. Dès lors, gageons que nous resterons dans l’effet d’annonce.
Je suis d’accord avec toi, il ne faut pas inverser les rôles. Donner la possibilité aux étudiants de noter leur prof, c’est leur conférer un pouvoir au détriment de l’apprentissage et remettre en question dès lors les qualités personnelles et humaines des professeurs. Déjà que les parents ont choisi leur camp….
Ma mère était prof mais elle disait qu’il n’y avait pas que des mauvais élèves mais AUSSI des mauvais enseignants !!! Ceux qui ne se remettent jamais en cause, persuadés qu’ils sont d’avoir le monopole du savoir.
L’enseignement est quand même un monde refermé sur lui-même avec ses codes, ses règles, ses échelons tandis que le monde étudiant est plus volatile et beaucoup moins indulgent.
Enfin, c’est mon opinion !
Je suis peut-être de la vieille école :-), mais donner à des étudiants la possibilité d’évaluer leurs professeurs ne me semble pas aller dans le bon sens. Je me souviens qu’à 18-19 ans, j’étais plus porté par mes affects que par ma raison, et si j’avais eu la possibilité d’évaluer mes professeurs, je n’aurais sûrement pas été objectif.
Ha ça…. pour se remettre en cause, la corporation des enseignants a du chemin à faire ! Ils sont tellement corporatistes qu’ils se marient entre eux…
Quand deux enseignants se marient, ce n’est pas nécessairement de l’amour, mais c’est assurément du corporatisme. Je n’y aurais pas pensé tout seul. 🙂
je pense que c’est de la démagogie, l’enseignement ira encore plus de travers !
Bientôt, l’enseignement prendra d’autres formes. Par exemple, il est question de numériser les cours des professeurs d’université et de les mettre à la disposition de tous. Pourquoi ne pas assister à des cours sans sortir de chez soi, grâce à des retransmissions en vidéo (Skype) ?